SCULPTURES

Le volume

Oubliant qu'elle est là, bien campée, dans le soleil, son chapeau de paille lui faisant de l'ombre, elle pose la pierre sur un socle.
Porter cette lourde pierre de talc de la gêne pas. Elle est déterminée, rien ne l'arrêtera.

Commencer en posant ses outils sur une étoffe, passer calmement son tablier, et déjà elle est rentrée dans son univers tout blanc, qui tombe jusqu'aux pieds et qui la protège de la poussière.
Son rêve est en elle, mais elle le retient doucement, elle le garde au chaud car un grand cœur qui prend tout. Si forte et si fragile, elle semble chargé d'énergie. Ses mains à l'extérieur du tablier ne craignent pas le froid, car elles sont déjà concentrées de toute l'histoire qui est en elle.
Sous ses mèches de cheveux, d'un blond aussi doux, ses yeux de chat à l'affût, vont chercher le voyage dans les veines bleues de la pierre. D'un geste volontaire avec sa massette et son burin, elle dégage le volume de ses angles inutiles. Elle tourne et retourne le socle et taille....Cherchant un profil, une inclinaison. Puis, plus précise, comme une musicienne, joue de la lime et de la râpe pour que la pierre se métamorphose. Une épaule surgit et la nuque s'incline, toute son émotion guide le doigt sur le rifloir, glisse vers le menton et nous dirige vers l'ébauche d'un sourire... un véritable ballet se crée entre les éclats de pierre et les reflets irisés qu'elle fait surgir.

Pour finir enfin avec le papier de verre qui va polir le brillant d'une boucle. Le visage de sa fille apparaît dans un nuage de poussière blanche de ses mains de sculpteur.

Francoise Ladurelli. 2007